Vélocistes : Le chaos du covid les fait encore dérailler

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Publié par Faillitimmo on 30 août 2023
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Vélocistes : Le chaos du covid les fait encore dérailler

Les faillites et les cessions continuent depuis la fin du covid dans le monde du vélo. Il s’agit de sortir par le haut du chaos opérationnel et financier des dernières années.

C’est un magasin de vélo qui était présent dans le quartier cossu de La Cambre à Uccle, à deux pas des Brasseries Georges, depuis 2015. Il avait même fait un petit avec l’ouverture d’un deuxième magasin à la Bascule. Bike Your City a fait faillite.

La société n’a pas pu honorer ses dettes en raison notamment de stocks excédentaires, entend-on. Dans la galaxie du patron, Marcel Goldammer, seul un magasin est encore ouvert: Bike Your Planet.

Au-delà du cas particulier de ce magasin de vélos, y a-t-il un mal plus profond dans l’activité des vélocistes?

Il n’existe pas de statistiques précises, mais un regard dans tous les comptes disponibles du secteur montre ceci: selon les chiffres d’openthebox, qui agrège les sources officielles, 480 entreprises sur les 5.713 actives dans “le commerce de détail de cycles en magasin spécialisés” sont en pertes; 211 ont des marges brutes négatives; 258 entreprises ont des capitaux propres négatifs; 136 sont en ouverture de faillite, dont 30 à Bruxelles.

Trop de stock?

“On entend de tout, mais il est clair que certains ont beaucoup trop de stocks. Ils doivent louer des espaces supplémentaires pour stocker leurs vélos, ce qui ajoute un coût supplémentaire”, témoigne Filip Rylant, porte-parole de Traxio, la fédération de la mobilité individuelle.

“La situation, suite à la pandémie, est spécifique. Quand il y avait pénurie, beaucoup ont commandé beaucoup de stock. Il est arrivé en retard en 2022 en même temps que les commandes normales. Il faut avoir les reins financiers solides pour ne pas avoir de problèmes de cash flow”, ajoute-t-il.

Nous savons qu’un autre acteur du vélo ucclois, Komut, a été intéressé au rachat de Bike Your City, mais sans conclure. “Nous étions très intéressés par le fait qu’ils étaient distributeurs de la marque Woom. Mais la situation financière de Bike Your City n’était juste pas assez bonne”, répond Alexandre Le Grelle, fondateur de Komut et de Bike and Repair.

Ce dernier décrit un secteur du vélo qui est en crise, ce qui est paradoxal alors que l’on “vend toujours plus de vélos”.

Il renvoie notamment la balle aux constructeurs. “Quand les ventes ont explosé, les fabricants se sont emballés et les financiers s’y sont intéressés. Ils ont dupliqué les productions. Ils obligeaient à faire des commandes gigantesques“, explique-t-il.

“Aujourd’hui, tout le monde va mal. Vous avez des vélocistes au chiffre d’affaires entre 500.000 et 700.000 euros qui ont des volumes de stocks immobilisés équivalents à leur chiffre d’affaires”, ajoute-t-il.

Une des solutions était dans ce contexte de prendre un “straight loan”, un crédit à court terme à payer par exemple sur un an pour financer le stock. De quoi créer rapidement une dette irremboursable si les stocks ne s’écoulent pas.

Des vélos de plus en plus chers

“Tout le monde a cru que les vélocistes gagnaient beaucoup d’argent. Mais une croissance chaotique demande des investissements auxquels on a dû faire face“, souligne pour sa part Jean-Philippe Gerkens, le patron de Morning Cycles, qui vend des vélos à Schuman, Madou, Namur et Louvain-la-Neuve.

Il évoque une profession mise très fortement sous pression pendant les années covid, avec une difficulté pour bien servir les clients et des livraisons pas toujours au rendez-vous. “Soit les gens tiennent la pression et s’adaptent, soit ils craquent nerveusement ou opérationnellement”, dit-il.

Bike Your City, c’était un des plus chouettes magasins de Bruxelles avec une super équipe passionnée. C’est très triste ce qui leur arrive”, souligne-t-il.

Pour Gerkens, le marché est en maturation. Lui ne pense pas que les stocks soient particulièrement excédentaires, mais il explique que l’augmentation des prix obligent à avoir davantage de capital.

“On est sous-capitalisé par rapport à notre volume d’affaires. La valeur moyenne des vélos a augmenté avec les vélos électriques et les longtail (vélos allongés à l’arrière, NDLR). Il est bien plus facile d’avoir en stock 1.000 vélos à 500 euros, que d’avoir 1.000 vélos à 2.500-3.000 euros”, détaille-t-il.

Aussi, il a fallu engager des équipes et pas qu’un peu pour faire face aux demandes de réparation. Une activité que les vélocistes peinent à rendre rentable. “Les clients ont des fois une crise cardiaque quand on leur présente la facture. Je leur réponds: ‘Vous voyez madame qui achète le vélo là, elle paye 20% de votre réparation‘”, illustre Gerkens.

Les grands groupes rentrent dans la course

C’est ce contexte qui a été vu comme une opportunité par les groupes comme Lucien, propriété de D’Ieteren, ou Bike Republic, qui appartient à Colruyt. Les vélocistes doivent en effet choisir entre grandir, avec les risques financiers que cela implique, ou s’adosser à de grands groupes.

Morning Cycles prépare donc une entrée à son capital d’investisseurs pour continuer à rester indépendant. D’autres ont opté pour l’adossement.

Retournons dans les données d’openthebox: parmi les entreprises ayant statistiquement au moins 5% de chances de faire faillite dans les trois ans, on retrouve ainsi plusieurs magasins de vélos récemment rachetés par Lucien, comme Alpha Bikes ou Goodbikes.

Reste que ce passage à vide ne devrait être que temporaire, car le marché du vélo continue à être porteur. En attendant, “regardez si vous voyez des promotions, c’est le meilleur signe d’un stock excédentaire“, souffle Rylant.

 

Vélocistes : Le chaos du covid les fait encore dérailler

Source: Lecho.be
Voir aussi : VanMoof :L’entreprise turque BinBin veut reprendre les cycles électriques – 25 aout 2023

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